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ACTE 1 Scène 1

 

Il n’y a rien que des champs, assez secs et caillouteux. Le vent souffle. Un couple arrive au terme d’une marche visiblement longue.
 

L’HOMME : C’est là.

 

Il lit à haute voix l’acte de vente


« Le notaire maître Machin certifie par le présent acte sous signé par les parties prenantes, ayant donné leur consentement librement et en connaissance des lois en vigueur, qu’à compter de la date de la signature de l’acte M et Mme Gressin sont les légitimes propriétaires du terrain situé au 58 route des lilas, dans la localité de Saint Gentil les Vallons, représentant une surface constructible de 102 m2…»


LA FEMME : On sera bien ; regarde, il n’y a pas de voisins proches. Quel silence ! Quelle paix !

On entend le bruit tonitruant d’un camion qui freine à proximité.
Entre le premier déménageur


DEMENAGEUR 1 consultant une fiche, l’air dubitatif : M et Mme Gressin, 58 route des Lilas , Saint Gentil les Vallons ?


L’HOMME et LA FEMME : Oui !


DEMENAGEUR 1 : C’est bien ça, Maurice. On décharge !


L’HOMME : Faites bien attention !

LA FEMME : Tout est neuf, n’allez pas rayer le frigidaire !


Ils guident les déménageurs dans leurs allées et venues.


L’HOMME : Le lit, voilà, le lit conjugal… mettez le là pour le moment. Chérie, notre chambre sera orientée au sud n’est ce pas ?


La FEMME : Sud, sud est. C’est ici


Pendant que les deux hommes déchargent, guidés par le mari, la femme s’éloigne de quelques pas. Face au public :
 

LA FEMME : Il en faut, du vide, pour commencer à construire quelque chose de nouveau ! Ce carré de terrain, sur lequel rien ne pousse encore, est notre page blanche à nous. Il m’effraie un peu pour le moment. Il y fait froid. Le vent souffle sans que rien ne lui fasse obstacle. Et cette solitude… L’agence immobilière disait que bientôt le quartier serait des plus dynamiques. On a vu des champs sauvages devenir en quelques années des petites villes grouillantes. Nous serons les pionniers de cette transformation. Mais il va falloir frayer avec le vent quelque temps encore…


L’Homme l’interrompt : Dis chérie, ce meuble, il était dans la liste de mariage ?


LA FEMME : Non, ça ne me dit rien. A quoi peut il bien servir ?


L’HOMME : C’est sûrement un coup de ton beau frère. Il faut toujours qu’il cherche à se distinguer. Je ne sais même pas dans quel sens ça doit se placer.


LA FEMME : Tiens, en attendant, on peut le poser dans le coin du salon.


L’HOMME : Quel coin ? Quel salon ? Il n’y a rien là, chérie.


LA FEMME : Là, le mur qui sépare le salon du couloir qui mène aux vécés ! C’est à dire au niveau de ce petit chardon là. Ce qui fait qu’ici, il y aura un coin, où cette… chose peut être rangée, sans qu’on la remarque trop, surtout quand on aura décoré un peu les murs..


L’HOMME dubitatif : les murs…


Les déménageurs pendant ce temps portent toujours le meuble, ils s’impatientent..

LA FEMME : Au fond, près du sofa, il sera aussi bien. Laissez le par là.


L’HOMME en aparté : Cela fait deux semaines que nous sommes mariés. Nous avons rêvé une petite maison, simple et solide, faite de briques rouges. Demain, je poserai la première pierre.
C’est curieux, je la vois déjà, notre maisonnette. Il suffit d’un brin d’imagination. On l’a si souvent rêvée. Je n’aurai qu’à me laisser guidé par l’image que nous nous en avons faite.


LA FEMME : Les déménageurs s’en vont. -Nous voilà seuls- Dans quel carton peuvent bien être les draps ?


Elle dresse le lit.
Les meubles sont disposés de telle façon qu’ils préfigurent déjà les différentes pièces de la future maison. La femme est dans la « chambre » alors que le mari déballe des bibelots dans le « salon ».
Au bout de quelques minutes, il la rejoint.

LA FEMME : Non !! Chéri, non !!


L’HOMME : Qu’est ce qu’il y a ?


LA FEMME : Tu traverses les murs ! Allons, il faut qu’on s’habitue dès maintenant à emprunter les portes.


L’HOMME : Les murs… les portes…


LA FEMME : C’est comme si nous venions d’aménager dans un appartement. Il faut un temps d’adaptation avant que nos pas nous guident seuls d’une pièce à l’autre. C’est alors qu’on est vraiment chez soi. Quand on se lève la nuit pour faire pipi et que dans un demi sommeil on se retrouve assis sur les cabinet sans même se rappeler avoir fait le chemin. C’est simplement une question d’habitude. Recommence !


Elle fait mine de faire pivoter une poignée imaginaire, l’homme sort de la 
« chambre », prend le « couloir » d’un pas hésitant, et s’arrête sans savoir où se trouve la porte du salon.


L’HOMME : Et si on mettait un rideau, plutôt qu’une porte ? C’est chaleureux, un rideau.. Un voile un peu vaporeux, dans les teintes orangées, qui donnerait une touche joyeuse à la pièce – et au couloir aussi…


LA FEMME : Ou on pourrait peindre la porte en orange. Ça préserve quand même mieux l’intimité, quand on recevra du monde.
L’homme fait un effort pour imaginer la porte, fait pivoter la poignée et entre dans le salon.


LA FEMME : Tu étais trop à gauche !


L’HOMME : Un rideau…


Il fait demi tours et répète la même opération pour rentrer dans la chambre en

respectant l’emplacement des portes -détours insolites au milieu du rien parsemé de meubles.
En se préparant pour se coucher, chacun parle pour soi.


L’HOMME : Demain, la première pierre… un bon ciment solide. Élèverai les murs, oui, les murs, avec leurs coins et leurs portes…


LA FEMME : Alors, peindre les portes en orange.. rouge.. ou les deux…

Noir.


Changement de décor, on se situe dans un autre lieu, un grand centre commercial, très éclairé, blanc et scintillant, ça fait un peu mal aux yeux.


ACTE I Scène 2


Un lieu commun clos, il y a foule.
Les gens passent les uns à côté des autres sans se voir. Un enfant court après sa mère qui l’oublie, absorbée par le livre qu’elle a dans les mains. Un jeune homme rit, levant le nez du Comics qu’il a sous les yeux. Une jeune fille s’amuse à jongler avec des balles, ne manquant pas de bousculer plusieurs personnes, entièrement prise par la tache de ne pas les faire tomber. Un homme en costume chante à tue‐tête alors qu’une mère portant son bébé le frôle pour passer devant lui. Stella, une femme d’une trentaine d’années, volontaire et déterminée, engueule un homme qui prend la fuite.


Stella : Espèce de salaud ! Tu mériterais qu’il t’arrive la même chose. Je souhaiterais ne jamais t’avoir rencontré et tu pourrais crever que je ne verserais pas une larme ! Tu me dégoûtes.


Une femme à l’air acariâtre la fustige du regard. La foule continue de passer à côté.
Pendant ce temps, on remarque une vieille dame, assise dans un coin, regardant autour d’elle.


La vieille dame, fixant Stella : On y arrive toujours.


Stella, éperdue, piétinant frénétiquement sur place, fouille dans son sac pour dénicher son paquet de cigarettes. Une fois trouvé, elle en extrait une cigareJe qu’elle allume non sans difficultés (ses mains tremblent malgré ses efforts pour se contrôler), puis en avale une grande bouffée. La foule s’est un peu dissipée, créant une sorte de halo de solitude autour d’elle.


La vieille dame : On s’étonne sans suite.


Stella fume, tentant désespérément de chasser ses larmes avec la fumée qui s’échappe de sa bouche. Ses bras tremblent, elle presse vigoureusement son sac contre elle. Un ou deux passants la regardent indifféremment.


La vieille dame : On s’acharne au mieux.


Stella sent la présence de la vieille dame, elle tourne son regard vers elle et la regarde avec férocité. La foule se densifie à nouveau.


Stella : Qu’est-ce qu’il y a ?


La vieille dame : On continue d’espérer. Et on tue la mélancolie.


Elle regarde sa montre, se lève et disparaît dans l’espace, engloutie par la masse.
Stella se met à pleurer.


Un déjeuner de famille. Stella et la vieille dame s’aperçoive qu’elles ont un lien de parenté : tante et nièce


Stella : Bonjour madame…


La vieille dame : Bonjour mademoiselle !


Stella : Vous me dites quelque chose… Ah ! en aparté : C’est elle ! Effroi


La vieille dame : Demoiselle… oui, Stella… n’ayez crainte… je suis votre tante paraît-il. Mon indiscrétion a ses limites.


Quelque temps plus tard, la vieille dame et Stella se retrouvent dans une maison de campagne. Une semaine de ce séjour s’est déjà écoulée.


ACTE I Scène 3


La nièce : Tante Orphila, pourquoi as-tu encore cueillie cette rose trop jeune ? Et aussi tu as mangé trop de bonbons. Pourquoi as-tu fait tant de bêtises ?


La tante : Nièce, je suis vieille et grincheuse, mes dents s’entrechoquent constamment, mes jambes fléchissent, ma peau se détend, je suis sous l’emprise de la mort qui me grignote d’heure en heure. Sois compréhensive.


La nièce : Mais Tante, vous êtes bien vivante ! Ne vous préoccupez pas tant. La mort n’est qu’un instant, un passage.


La tante : Cessez, sotte, de me tourmenter. Qu’en savez-vous svelte silhouette énergique ? Que dire de vos turpitudes et errements à Byzance ? Votre mémoire est une noix creuse. Pourquoi vivez-vous ? Vous êtes une girouette agitée, rien ne peut se fixer à votre sillage.


La nièce : Comment ? Quelle injustice ! Je vous dorlote, vous câline, vous habille, vous lave, vous nettoie, vous borde, je me réveille la nuit pour vous, je vous porte, vous sors, vous raconte tant d’histoires. Quelle injustice ! Que peut vous faire ce que je suis intimement ? Ceci vous regarde-t-il ?


La tante : Eh, eh, petite bête idiote, tu n’es qu’une vache au pré, je suis ta raison divine. L’injustice est tienne. N’aurais-tu pas tant affamé ta mère qu’elle trépassât ? Ton père de chagrin succomba, et ta soeur, cette merveilleuse sauvageonne est à ce jour portée disparue. Il en a fallut des mois, des années pour te supporter.


La nièce : Ignominie absolue, nous sommes rationnés. Ma mère avait une constitution fragile. La viande de porc l’a tué. Ce n’est pas moi, tu divagues, tu affabules. Pourquoi cette cruauté à mon égard ?


La tante : Sale mioche, le ver est en toi, il te ronge de méchanceté et de mauvaise pensée. Pourquoi trembles-tu ? Ne suis-je pas ta tantinette choupinette en sucre doré à la cannelle exquise ? Un joli coquelicot rouge et fragile qui ne supporte pas le déracinement ? Petite nièce, tu as l’air chagrin. Qu’ai-je encore pu dire qui te blesse tant ? Je suis juste. Je dirai même Juste parmi les Justes et reconnue comme tel par la communauté. Viens te réconforter à mon épaule. Viens.


– Embrassade –

Un autre jour.


La tante : Chère docile tête tendre et molle, pourquoi la penches-tu ainsi ? Tu sembles te rebeller désobéir à mon ascendance, à ma toute puissance. Pourquoi agis-tu ainsi ? Tu sais bien que je t’aime et t’estime.


La nièce : Je n’ai plus de voix, et ne sais que te répondre. Tu sembles annihiler toute ma substance, tout mon être, en vider ce qui fait mon intérêt d’exister.


La tante : Pourquoi trembles-tu ? As-tu peur ?


La nièce : Tu es d’un égoïsme terrible. Peut-être pour ne pas céder à l’effondrement.

ACTE I Scène 4
 

Au loin venant sur l’allée arborée de la maison :

Galaad : Le jus boulimique et récalcitrant de l’horloge coule de mes narines enrhumées Je suis une elfe poussiéreuse
Dehors la musique date
Le journal hebdomadaire poursuit l’hivers, le chevalier et la monstruosité
Une joie moribonde hante les carrousels parsemés de lapins
Le transit disloque le cercle froid
Le mort avance vers l’enfance
Je suis une racine je prends mon temps je n’ai pas froid dans cette ronde retournée, santé ! Cette nuit Pression et Enchantement accouchèrent de Névrose qui grâla l’histoire
La fantasque usure du fantôme baroque fait rire les chameaux
Il bosse un menuet dans la solitude, à la recherche d’imaginaires, ruminant la danse éternelle, sa fin et sa genèse
La ressource crève la peur, déroule la bobine
Parti le cheval au galop
Parti de l’asile ce manège d’angoisse dans mon corps qui ne sait que devenir
Je découvre que la création impatiente mène le bal à la démence
Tintin dans une boîte à musique d’hôpital s’inquiète du vieillissement de l’Eden
Une histoire tremble en apesanteur dans la psychanalyse de Charlot
Veillités et légèretés remplissent le corps en dépression, il passe sur l’expérience ivre d’eau de vie.
Le couple de la première scène n’a pas réussi à construire quoi que ce soit et erre, ils sont en haillons
Un an s’est écoulé entre le début de ce récit et la scène finale.


Acte II scène 1


Adam, Sophie, Irme, Galaad La nuit, dans la brume


Adam _ Je passe mon chemin ; c’est ce que j’ai fait de mieux.
Sophie _ Tu dis n’importe quoi ! Ne traînons pas, je suis inquiète, on n’y voit plus rien…


Un temps. Un bruit sourd.


Irme _ Ca va pas, non ?!


Adam _ Pardon, mademoiselle, je ne vous avais pas vue…


Sophie, éclatant en sanglots _ Il y a trop de brouillard, et la nuit tombe, nous n’aurons jamais le temps de rentrer avant l’obscurité totale.


Adam _ Sophie, nous ne sommes pas loin, tu sais…


Il la prend dans ses bras.


Irme _ Elle a raison. La nuit tombe. J’ai peur, moi aussi, que nous restions coincés au milieu de nul part. J’essaye de retrouver mon chemin depuis plus d’une heure, et aucunes de mes recherches n’a abouti jusqu’à présent…


Adam _ N’exagérons rien. L’horloge a sonné six heures il y a peu. La poussière du chemin continue de se répandre ; ça signifie que des gens passent encore…


Irme _ Des gens, oui, mais il faut voir qui ! J’ai croisé un type complètement fou, tout à l’heure.


Sophie _ Fou ? (Elle tremble)


Adam _ Un moribond… Il y en a tant ces jours-ci, ce n’est rien. Ils ne sont jamais dangereux. Vous venez de quel côté, mademoiselle?


Irme _ Là-bas, à la fin du chemin, il y a un champ. Je l’ai traversé pendant toute la journée. Je n’ai jamais vu un champ si grand. Moi aussi, je viens pour les moissons.


Sophie, froidement _ Nous ne venons pas pour les moissons. Nous sommes là à cause de l’usure de nos vêtements.


Irme _ L’usure de –


Adam _ J’entends quelqu’un.


Sophie _ Ne restons pas là !


Irme _ Il y a quelqu’un ?


Un homme surgit, derrière Sophie. Il lui attrape le bras.


Galaad _ La bourse ou la vie !


Sophie s’évanouit. Adam se précipite sur eux, Galaad recule.


Galaad _ Je… Je plaisantais.

Adam prend Sophie dans ses bras.


Irme _ Vous plaisantiez ?


Galaad _ J’ai entendu votre petite conversation… Je voulais tourner les faits en dérision. Pardonnez-moi.


Irme _ Vous avez un sens de l’humour très particulier, monsieur.


Adam, en aparté _ Ne l’énervez pas. Réveillons Sophie, et partons d’ici.


Galaad _ C’est l’expérience de la création. Ca rend un peu facétieux… Ou un peu joueur, je ne saurais dire.


Adam _ Sophie? Réveille-toi, mon amour…


Irme _ Il vous arrive souvent d’effrayer les pauvres gens ?


Adam, en aparté _ Ne l’énervez pas, ou vous aurez affaire à moi ! C’est un fou


Irme _ C’est ça ! Je vous reconnais ! C’est vous que j’ai croisé tout à l’heure. Vous aviez l’air d’un fou…


Galaad _ C’est à cause de ma quête. Je tremble à l’idée du vieillissement, du durcissement qui envahit ma pensée. Je cherche l’éternelle jeunesse de la pensée. C’est mon Graal personnel. Considérez-moi comme un chevalier, si vous le voulez ! Si vous le pouvez…


Adam, stupéfait _ Un chevalier ?!


Sophie frémit, commence à bouger.


Irme _ Votre amie se réveille. Son corps semble être pris de frissons.
Sophie est en effet comme possédée par des secousses répétées. Elle ouvre les yeux d’un coup.


Sophie _ Le graal ! Oh mon dieu. Je crains la mort. Partons ! Partons d’ici.


Elle se lève d’un bon et se précipite dans le brouillard.


Adam _ Sophie ! Sophie ! Il la suit.


Irme, à Galaad _ Mon cher, tu es allé un peu loin, cette fois, mais ça peut nous mener quelque part. Ne leur dis rien encore, s’il te plaît.


Galaad _ Nous nous connaissons ?


Irme _ Moi, je sais qui tu es…


Elle disparaît dans le brouillard, du même côté.


Galaad _ Et il paraît que c’est moi qui suis fou. Il n’y a plus d’époque ; voyez vous-même…

 

Il disparaît du même côté.

Acte II scène 2


Galaad : Voici mon amie qui arrive.


L’homme-Adam : Elle arrive d’où ?


Galaad : Elle nous le dira. Ah, salut Irme. As-tu fait bonne route ? Nous nous demandions d’ailleurs d’où tu viens.


Irme : Je ne sais pas.


L’homme-Adam : en aparté Elle ne sait jamais, elle marche en aveugle. à Irme N’as-tu donc aucun sens de l’orientation ?


Irme : Je marche où me porte mon coeur, qui me parle mieux, si ce n’est plus, que mes yeux. Mais ces jours-ci mon coeur est fermé dans une prison de colère. Je ne trouve pas l’issue et erre comme une pauvre en haillons, les cheveux emmêlés, les yeux mi-clos, les lèvres crispées, le nez tordu, les mains roides, les hanches décalées et les yeux retors. Mes pieds me brûlent. Si tu m’aides à retrouver mon chemin, tu sauras ma vie et peut-être la tienne…


Galaad : Mais, veux-je connaître ta vie ? Il n’y a que la mienne qui m’intéresse… tu le sais bien. Ne me qualifie pas d’égoïste, tu me l’as déjà dit. Mais partons, je suis curieux de ma destinée.


Irme : Que veux-tu connaître si tu refuses de marcher ?


Galaad : Je veux connaître le fond de mon âme, de mes intestins, de mes boyaux, de ma vessie, de mon colon. Je veux posséder l’intelligence universelle qui me permettra de connaître toutes choses à partir de moi-même, étant moi-même toute chose et m’ayant traversé. Je ne crois pas au groupe, même aux collectivités. Je ne crois pas à l’inscription dans un système quel qu’il soit. Je regarde tout de loin, je vous regarde et si parfois je m’ennuie trop, je m’approche un peu de vous pour apprendre quelque chose. Mais je reste à distance, parce que vous aussi m’ennuyez vite ; j’ai déjà compris votre système au moment où vous commencez à le jouer (faire ? ) Je ne vois pas l’intérêt de m’inscrire dedans.
L’homme-Adam : Si je te comprends bien Galaad tu es un solitaire radical. Tu ne peux donc vivre avec quelqu’un, ou seulement partager ton coeur. Le mot amour a-t-il un sens pour toi ?


Galaad : Les mots n’ont pas de sens pour moi, ils sont étroits et nous laissent en d’interminables quiproquos, tu parles du coeur et oui, mon coeur bat, bat la chamade, les idées se pressent dans la tête et restent indigestes. les autres et moi comment faire pour communiquer si les sillons tout bouchés accumulent tant et tant moi je suis lent. très lent. Votre rythme n’est pas le mien j’ai besoin de temps d’un temps infini pour me concentrer, pour traverser toutes ces embûches.
L’homme-Adam : Tu te trompes en croyant que nous te sommes si différents. J’ai perdu Sophie dans la nuit, et crois-moi, nous sommes aussi égarés et libres que tu dis l’être.


Irme : Vous ne pouvez pas être si égarés que tu le dis, puisque vous pouvez vous appeler l’un l’autre. Il me semble que les nuits de Galaad et la mienne sont infiniment plus profondes.

Acte II scène 3


(Irme et Stella ont le corps accroché l’une à l’autre)

Stella et/ou Irme : Où est donc ce visage qui me parlait tout à l’heure, est-ce vous est-ce moi ? Où êtes-vous ?

La tante : Avez-vous pris la carapace et son trône qui m’a tout l’air d’un siège ?

L’homme : Pourquoi n’y a t-il pas de table ?

Stella et/ou Irme : Vous me parliez de la fuite, il y a toujours trop de raccourcis dans la fuite/suite

Galaad : Peut être qu’elles sont les deux ni l’une ni l’autre

Stella : C’est moi qui ai eu tord, je m’en mord les dents, j’accuse mon culs dans ta tête. Tu cognes. Tu colles mes parois

L’homme : où sont les murs ?

Sophia : Ils étaient là tout à l’heure nous les avions pâtis, avalé les fourmis

Irme : brûlé mon corps depuis la voûte du temps

Sophia : Inexistant. Qui n’existe pas

La tante : Je vous ai bien vu moi qui ne voyais rien vous aviez un poignard.

Irme-Stella : Il me lassait et me lacérait

La tante : Ton foie en piteux état

Stella : On s’acharne au mieux

La tante : On peux laisser courir nos yeux sur les points sur les lignes et circuler sans organe

Galaad : Ils n’avaient pas le droit de retirer l’eau de mes lèvres

Sophia : Ils t’ont ordonné de te retrancher les veines car ils veulent que tu crèves et le plus vite sera le mieux

Irme : Je dansais sur la terre avec le soleil il y avait tant de joie que je ne sus réprimer l’exubérance des gestes. Des hommes arrivaient d’un masque affublés, ils tournaient de l’œil écroulés de barbaque dans le bleu métal de fer

Adam : Tu te romps à me culpabiliser

Deuxième mouture

Isabelle Grier, Élodie Noel, Zoé Raphaël, Aurélie Rauzier & Samatha Wrona

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