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Toi. Toi.

 

Tu avais dit

d’accord.

Pour le ciel,

pour tomber

pour le jeu

recommencer

 

Je disais

détacher

la gravité

tu vois

de l’autre côté.

 

Ce sont les pieds et les mains

d’abord

que tu ne pouvais garder

- coupés par la lumière

ils sont restés à terre

 

 

A présent, il ne me reste de toi que cette image

ou plutôt, le dos d’une image que l’on ne peut pas retourner

de tes mains projetées

dans ton plongeon brutal

dans l’eau glacée

celle qui déchire

éclate tous les vaisseaux, ceux de ton départ - et de la fuite du sang

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

You. You.

You

agreed

for the sky, to fall down

for the play

to start again

 

I just said

undo

gravity

can you see

on the other side

 

It’s foots and hands

first and foremost

you couldn’t keep

- cut by light

They remained on the ground

 

Now, I just have that image left from you

Or rather, the back of an image you can’t turn over

Of your hands projected

In your brutal dive

In frozen water

That one which tears

Burst all vessels, those of your departure – and of blood’s flight

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

I.

 

 

 

 

Se réveiller dans un sursaut.

Tout d’abord est le vide. Véritablement le vide. Seulement cette absence de mémoire.

Il fait noir - mais pas tout à fait, alors on sent plus l’absence de la lumière que sa présence.

Il y a des bruits - mais si lointains qu’on ne distingue plus que leur éloignement pour notre ouïe.

Une chambre la nuit, des rideaux qui ne descendent pas jusqu’au bas des fenêtres ; et la vie au goutte à goutte, fine ou par giclées, cogne sur la vitre. On ne perçoit que le cognement, de l’intérieur.

De là, on croit on peut sentir sa couleur, qu’on peut voir -et seulement voir- les sirènes d’alarme qui produisent ce son lointain. On sait qu’on ne participe de rien mais que c’est grâce à ça, justement, que l’on peut tout avoir. Cette marque sur soi du creux qui est dans les choses, leur pli en quelque sorte, ou leur envers, qui jamais d’ordinaire ne trouve d’espace où s’imposer. Ce n’est pas le rien non plus, seulement cette perception des choses tellement aigue que l’on ressent particulièrement leur envers. Peut-être le creux du sommeil lui-même, son envers, son absence, ce simple « non je ne pourrai pas dormir » qui influe sur tous les autres plis de la vie. C’est cette pièce qui absorbe la vie, qui en révèle et en relève l’espace.

 

 

Perdre pied ; tanguer sur cet immense lit où les poings deviennent énormes - tellement qu’on ne peut plus se lever.

Pression dans la cage thoracique ployée, ne plus respirer, ne plus penser ; rester cloué.

Le cerveau encore absenté

de l’acier cloué et fluide fixé dans la chair, dans le sang une plume de verre

si l’on se lève, que l’on veut commencer à marcher, on se sent traverser tout à l’envers.

Refuser ; accepter. La vue troublée - par manque de moyens de lucidité, par habitude.

Ecouter.

 

Il n’y a personne ici – mais j’entends un souffle

l’inspiration d’une personne qui dort, et sans cesse recommence, et jamais ne s’arrête

produisant à mes oreilles le halo d’une respiration

je l’entends

- comme l’écho d’une voix,

aveugle déliée, aiguisée et nouée.

 

 

Sur le fil de la nuit, sans toucher une goutte de sommeil

je l’entends tout le temps

qui prononce ces sons discordants entre mes lèvres

qui ne peuvent pas parler

 

 

I.

 

 

 

To wake up with a start.

At first sight is emptiness. True emptiness.

Just a lack of memory. It’s dark – but not completely, making us feel more the absence of light than its presence.

There is sounds – but so fare away that we just perceive their remoteness from hearing.

A room, at night, with curtains stopping before the end of the window ; and life, dripping, is knocking on the pan. We just perceive the knocking, from inside.

From here, we believe we can feel its color, we can see – and just see – the sirens producing that distant sound.

That mark on oneself of the hollow which is in things, their fold in a way, which usually don’t find any place where to assert itself. It’s not the nothing either, just that so acute perception of things making us feel particularly their underside. Maybe sleep’s hollow itself, its backside, its absence, the simple “no, I won’t be able to sleep” which influences all other folds of life. That room absorbing life, revealing and reviving its space.

 

 

To lose balance ; to reel on an immense bed, fists becoming enormous – so much that we can’t get up. Pressure in rib cage, brain still absented, to stop breathing, to stop thinking ; to stay nailed up.

Some fluid and nailed steel fixed in flesh, in blood a feather made of glass.

If we get up, if we want to start to walk, we feel we’re walking backwards.

To refuse ; to accept. The sight blurred – by lack of means of lucidity, by habit.

To listen to.

 

There isn’t anybody here – but I do hear a breath

The breath in of a person sleeping, never stopping, and constantly starting again

and producing the halo of a breath into my ears

I hear it

- like an echo of a voice,

blind, untied, sharpened and knotted

 

On night’s threads, without being touching a drop of sleep

I hear it all the time

pronouncing discordant sounds – between my lips incapable to talk

 

 

 

 

 

 

 

 

Je t’entends.

Tu vois que tu ne peux pas te retenir de tomber ; le manque de prises.

Aux fonds des accrochages, rien ne se maîtrise.

Comme si tu penchais la tête pour éviter un regard. Ne pas qu’on voit ce vide qui entre ; et pour nous, tous ces mots qui s’échappent.

Toi-même tu es une pièce et ne sais plus ce que c’est que de mettre des choses à l’intérieur. Tu t’abreuves de ce qui cogne doucement de l’autre côté.

Mais tu ne sais pas que tu es une pièce, ouverte et qui ne filtre pas les passages, tu ne sais pas que tu as de l’espace. Tu es une faille qui ne vole jamais rien, ne connaît pas sa présence, ne peut pas voir son dénuement.

 

 

Des filaments de lumière se reflétant dans un miroir.

L’aube de la nuit - qui filtre sur les tissus et tache les pans de mur, avec une luminosité recourbée - touche l’étirement de l’obscurité.

Il y a un affleurement d’ombres qui pointe sur ce qui n’a plus rien à prendre, vient assumer sa tranquillité. Ce clair obscur poisseux, où tout avec acuité peut se distinguer, se manifester, du creux des yeux habitués à sa lumière ciselée, à sa langue étrangère, celle du halo et de la demi teinte. Lorsque le bout ou le fond des pupilles, par les entailles de l’accalmie, a touché ses entrailles, est descendue sans se blesser jusqu’à la plus pure capacité d’y voir, au milieu même de la nuit noire.

 

 

Je te vois regarder.

Tu ne bouges pas.

 

Tu dors, et tu dis que tu rêves de face à face.

Tu t’inscris dans le mouvement de ton souffle descendant,

de ta respiration qui bat ce rythme avec ta présence.

Tu es un ventre aveugle prenant le ton de ce pas.

Quand je l’ai un peu entendu j’ai su que tu devenais

incessamment quelqu’un d’autre

 

Est-ce que tu es là ?

Est-ce que tu m’entends ?

 

 

Il y a des gens ici, depuis un long moment.

Les gens sont semés sur la matière ; un cube, quelque chose qui te retienne

- un cube vide pourtant et alentour, l’espace.

La matière est blanc cassé, un peu brune.

Les gens peuvent se lever, se mouvoir tout le long des arêtes inférieures.

Ils avancent et ailleurs c’est la mort ; l’infini sans pouvoir

s’accrocher

I hear you

 

You realize you can’t stop fall down ; that lack of grips.

At the end of catchers, one can’t control.

Just as if you were leaning to avoid a look. To prevent us to see that emptiness coming ; and for us, all those words escaping.

Yourself are a room, and forgot what’s to put things into.

You’re watering from what’s softly knocking from the other side.

But you don’t know you’re a room, open and not filtering crossings, you don’t even know you have space. You’re a flaw not stealing anything, not knowing its own presence – not able to see its own nudity.

 

Linen of light reflecting in a mirror.

Dawn of night – filtering on tissues and staining pieces of wall, with a curved brightness – touches darkness’ stretch.

There’s an outcrop and leveling of shadows pointing on what hasn’t anything to take now, and comes to assume its own quietness. That syrupy twilight, where everything can be sharply distinguished, can be manifested, from the hollow of eyes, used to its chiseled light, to its foreign language, the one of halo and halftone. When the tip or bottom of pupils, by gashes of lull, touched its own guts and went, perfectly purified, till the purest capacity of seeing, on the middle of dark night.

 

I see you watching.

You’re not moving.

 

You’re sleeping, and says you’re dreaming about face to face.

You’re entering in the movement of your breath going out,

On your breathing beating this rhythm with your presence

You’re a blind belly taking the tone of that step -

When I heard it a bit I knew you were

Constantly becoming

someone

else

 

 

Are you here?

Can you here me?

 

There’s people on here, since a long while

People are sowed on matter ; on a cube

but an empty cube - and around, space.

The matter is off-white, a kind of brown.

People can get up, move along the backside edges.

They’re advancing, and outside it’s death

The infinite, without possibility to

hook on

 

Cet espace est projeté dans toutes les dimensions.

Ils avancent et autour d’eux il y a des dizaines, de centaines, de fils, de couleurs,

gonflant, des corps de vies élastiques-étincelants

et parcourant l’espace.

 

Je les vois tous se fondre,

rester distincts,

projeter des étincelles diffuses,

une autre lueur que la leur,

 

un équilibre transpercé,

des fragments d’une immensité absorbée,

surhumaine,

et trop pleine.

Des fils de vies que l’on pourrait trancher

Trancher ?

Non…Non.

 

Je veux partir ; je cours.

Je trébuche, je tombe, je me retourne.

Sur toi.

 

Tu dis qu’on t’a assis au bord du vivre

 

 

 

 

 

II.

 

 

 

 

Une rue ouverte.

Un essaim de rires grouillant d’envolées vocales dans une rue provençale

L’étrange_ L’afflux d’amer dans le dire fusant, le flux et le reflux de pierre de l’eau sous la mer

L’expérience attachée dans les aspérités de la chair.

 

Des gares désaffectées, des langages étrangers, les ruines de la cité.

 

Des rues sautées, et qui dansent.

Entre des maisons de poupées les couloirs d’asphalte clairs

Quelques poteaux, quelques panneaux à traverser pour courir, les pieds nus sur un goudron humide

 

That space is projected on all dimensions.

They’re advancing and around there’s tens, hundreds threads of colors,

Swelling, life’s bodies, elastic, sparkling,

And sailing on space.

 

I can see them all moving,

remain distinct,

projecting diffuse sparks,

another glimmer as their one,

a pierced balance,

fragments of an absorbed immensity,

superhuman,

and too full.

Threads of life we could cut

Cut?

No… No.

 

 

 

I want to leave ; I run.

I stumble, I fall, I turn round.

On you.

 

You say they seated you on the verge of void and live.

 

 

 

 

II

 

 

 

An open street.

A lump of laughter swarming around with vocal blown in warm streets.

The strange – the flood of bitter in the gushing of saying, the ebb and flow of stones in the water under the sea

Experience tied in flesh’s harshness

 

Disused stations, foreign languages, ruins of the city

 

Jumped streets, dancing.

Between doll’s houses, corridors of clear asphalt.

Some posts, some panels to cross over to run, naked feet on a damp tar

 

 

 

L’horizon ouvert sur des disques de pierre,

un soleil danse la nuit qui parle.

Un disque de pâle lueur noyé dans les horizons lointains.

Circulaire, et qui vogue et vient taper contre des vitres de lumière.

Du tâché de chair et sculpté dans la pierre ; de l’ébène, rouge

Quelques miettes de sentiment.

 

Un fragment prononcé qui se dissous dans les veines

Des coulées humaines jaillissant d’un orgue de lumière.

Une levée de labyrinthes.

 

Et ta voix roulée dans mes bras ; mais qui ne peut pas leur dire.

 

Redescendre d’un train, repartir en arrière.

 

Tout emporter en courant dans des rues qui tombent se jeter ou passer dans ses lames sur des couloirs d’hommes et de femmes qui marchent vides

Du lisse et du relief.

 

Avaler ce rire et ta voix que tu happes encore, ton souffle saccadé.

Essayer de te rejoindre, et marcher dans tes bras.

S’éclater ou voler dans un sursaut arc-bouté.

 

Tu criais encore, mais l’écho grandissait

- dévorant l’espace qui s’ouvrait.

Dire pour happer ce brasillement, ce tremblement,

des noeuds de corps qui se font et augmentent.

 

Une bulle de chair éclatée, les flancs enroués,

l’homme que tu es arraché du poumon de la cité,

une plume de fer chez toi perçue de l’intérieur, le mort au ventre ouvert.

Comprendre.

 

Cette perte de ta soif d’être ici, c’est le rideau gris qui se pose, qui fait que les paysages de l’autre côté semblent se mettre à couler ; qu’ils n’ont plus ni matière, ni couleur.

Dans ce chant filamenteux la colère tourne à l’extérieur, mais revient nous atteindre, et, au milieu de la grêle, la terre qui se soulève pour que l’on se souvienne.

Retrouver le cœur confus de la mort.

 

 

L’entrée dans la forêt, où le brouillard augmente, s’élance au premier regard ; parce que c’est à travers lui qu’on s’accroche aux alentours avant d’être perdu, les pénétrer tout à fait, jusqu’à ne plus savoir qui on est, mais ça n’a pas d’importance ; on est lancé hors de soi-même, et en se sentant être au monde, on est.

 

 

The horizon open on stone’s disks,

A sun dancing the night talking.

A disk of pale glimmer drowned in distant horizons.

Circular, sailing and coming to bang on panes of light.

Some stains on flesh carved in stone ; ebony, red

A few crumbs of feelings

 

A delivered fragment dissolved in veins

Human’s streaks shooting out on an organ made of light.

Labyrinth’s raisings.

 

And your voice rolled in my arms ; unable to tell them.

 

To come back from a train, to go backwards.

 

To carry everything along running in the falling streets, to pounce or pass on its blades

on corridors of men and women walking empty

Some smooth and relief

To swallow this laugh and that voice you’re still grabbing, from your too jerky breath

To try to join you, and walk on your arms.

 

To burst or fly in a buttressed start.

You were still crying out, but the echo grown

- devouring the space opening.

Say it to snatch those braising, trembling,

nods of bodies appearing and increasing.

 

A bubble of shattered flesh, hoarse flanks,

The person you are pulled out city’s lung

An iron feather in you, perceived from inside, the over bowled belly’s dead.

To understand.

 

 

That loss of your thirst to be here, that’s the grey shutter arising, which makes that the view seems to be sinking; that it doesn’t have neither matter nor color.

In this filamentous singing, anger is turning around, and comes back to attain us, and, in the middle of hail, earth’s raising up for us to be reminded.

To recall death’s confused heart.

 

 

The entrance into the forest, with increasing fog, rushes at first sight ;

It’s through it we’re clinging surroundings before to get lost, penetrating them totally, till forgot who we are, but it doesn’t matter ; we’re thrown out of ourselves, and feeling the being to the world, we are.

 

 

De là, on ne peut que s’égarer.

C’est l’ouverture d’un espace mental à l’infini,

apparu des lointains, de l’impossible à comprendre ;

des abîmes de la liberté, où l’on viendrait simplement effleurer le cœur du vrai, pour ne pas froisser l’autre côté du corps du monde.

Les arbres qui courent dans le bruissement de la brume.

S’endormir dans un loup, rester vierge à la forêt.

Et au milieu d’étoiles en formes de pierres,

passer de l’autre côté de la réalité.

 

Tout bout, et bouge, beauté ; s’arrêter. Revenir demain.

 

 

Après les clairs obscurs, tu arrivais à l’Escorchure ;

tu avais des racines dans les pieds, et des raies dans la chair.

 

Le temps reprend ses droits, à travers le froid sans voix sous la neige. Pas de sommeil pour les nuits claires, glacées avec des tremblements, des sursauts du passé. On dirait que rien ne se passe et les émotions coulent toujours plus vers les profondeurs. Commencer à sentir, le printemps enroulé dans l’hiver

C’est l’heure du silence

La longue heure du silence

Porter celui des autres dans ses bras.

 

Dans les cours de prison de souvenirs le cœur est ouvert comme une tache

pleine de lames d’amour que je ne peux pas retirer

Tous mes cœurs explosent à la fois

Quelqu’un balaye de l’autre cote d’une porte ; je n’entends que le bruissement

 

 

 

 

III.

 

 

 

 

L’hiver tout à la fin avec ses branches éclate et tremble en voyage

 

 

La clarté marque son empreinte entre les doigts crochus du paysage -

dans le spectre de la montagne, une aurore qui vient à peine.

C’est la course avec l’aube, le désir de te voir, la rapidité vertigineuse de l’escalade pour aller contre le dictat du jour, du verdict, du savoir.

 

 

 

From there, one can just get lost.

It’s the opening of an infinite mental space

Appeared from far-off, from the incomprehensible ;

From abysses of freedom, where truth’s heart would be only brushed, to not crumple world’s body’s underside.

Trees running on mist’s rustle.

To fall asleep in a wolf, stay virgin to the forest.

And in the middle of stoned stars,

To enter in reality’s backside.

 

Everything moves, and boils, beauty ; to stop it. To come back tomorrow.

 

After twilights, you arrived to the scratch

You had roots in your feet, and stripes in your flesh.

 

Times takes its rights up again, through the struck dumb cold under the snow.

No sleep for clear nights, iced with tremblings, starts from the past.

It seems nothing’s happening, and emotions flow even more on the depth

To start to feel, spring winded into winter

It’s time for silence

The long silence’s hour

To carry others’ one in my arms.

 

In memories’ prison’s yards, heart is open as a stain

full of love’s blades I can’t withdraw

all hearts are bursting together

someone sweeping on the other side of a door ; I just hear the rustling

 

 

 

 

 

III.

 

 

Winter with its branches at last shatters and trembles in the trip

 

Clarity marks its prints into landscape’s claw-like fingers,

In the specter of mountains, a dawn hardly comes.

 

To race with dawn, desires to see you, dizzy rapidity, to climb

To go against the dictate of daylight, of verdicts, of learning.

 

 

Dégager une pause

S’installer dans le vertige

Aspirer sans jamais respirer.

Comme une étoile filante, trop rougie à l’acide,

à l’attente de ton heure,

à l’humeur de passage, ou l’issue de sortie ;

et l’amour, la nourriture des ailes,

de l’aurore de l’or fin et des yeux, ou des points de l’été.

 

Dans les colonnes de nuées, on porte l’envers de ton corps,

un manteau de douleur sur lequel on ne peut pas s’asseoir,

un manteau avec doublure ;

d’un côté il y a la grâce,

et de l’autre l’angoisse

 

Après des aubes atroces, des épines de soleil dans la chair,

avec le corps sensible dans la ouate, pour ne pas qu’il éclate,

reprendre les esquives esquissées de ta peau, comme un chant qui aiguille le silence de pierre.

 

Alors tu respires encore.

Au milieu des ravages, cette invasion, tout en toi qui se révulse.

Dans les griffes de la lumière à présent,

se produit de nouveau le bruit d’une respiration à mes oreilles.

J’enflamme une arche de lamentations

pour trouver la lumière de ton corps ;

La tribu couleur jaillissant de tous tes membres.

 

Ils ont percé le jour.

Ce sont les larmes qui suintent d’abord.

L’instantané de la surprise

de l’espoir acéré

finalement désarmé – la violence éteinte, l’irruption retournée…et la douceur.

La dissolution de la peur

 

La vie bouleversée

de l’autre côté de la réalité -

la terre ocre déchiffrée

les hommes à l’envers

dans la violence des échos du vomissement et mûrissement de l’attente ;

l’afflux retors des travaux du ciel.

Les roues qui déraillent,

la raison submergée,

et le jour qui recueille le visage

horrifié

et blanc comme une page sans ligne

To clear a pause

To settle in dizziness

To aspire without respiring.

Like a shooting star, redden by acid,

waiting for your time,

by the mood of passage, or the issued exit ;

and love, wing’s food

of dawn of thin gold and eyes, or summer’s dots.

 

In columns of swarms, we’re wearing you’re body’s underside

A coat of pain we can’t seat on

A coat with lining ;

On one side there is grace

On the other side there’s fear

 

After excruciating dawns, thorns of sun in flesh

  • the sensitive body in wool, to not combust –

to pick recapture the drafted dodges of your skin,

like a song to steer a stoned silence

 

Then you’re breathing again

In the middle of ravages, that invasion, all in you twisting

In light’s claws now

appears again that breathing’s sound in my ears

I light an arch of moans

To find your body’s glares ;

color’s tribes shooting out of your limbs

 

They pierced daylight ;

Tears ooze first

The instantaneous surprise

of sharp hope

finally disarmed – violence turned of, burst turned over… and mildness.

Dissolution of fear.

 

Disrupted life

In reality’s backside

Ochre earth deciphered

Men inside out

In the violence of wait’s maturation’s echoes ;

bended influx of heaven’s work –

wheels derailing,

overwhelmed reason,

and the day collecting the

horrified face

and blank, as an unlined page

La peur toujours au cœur qui serre,

qui continue de couler,

coulant t’enfonçant dans l’eau sombre

dans laquelle se reflètent des bâtiments brûlants ;

ces hôpitaux

ceux dont les flammes se portent au haut de la lumière,

sur toi les oripeaux du jour.

 

Sous la pression,

les convulsions

j’ai su que tu arrivais -

entre les lèvres qui saignent

et répondent au pull rouge, à la boucle d’oreille rouge,

à la terre rouge – au cœur rouge

 

Tes mouvements s’échappant,

ils brûlent ces zones de révulseurs solaires...

 

Des champs de paysage déroulés entre mes regards.

 

Et devant le jour,

l’arbrisseau des morts

l’arcade et les arcanes

d’accueil des cercueils

d’ormes porteurs des corps

le port des armes

de coups au cœur

au cou des larmes,

et la rumeur des arbres

 

 

 

IV.

 

 

 

Toute la ville est peinte de blanc - de ces murs du départ,

pour un billet dont le retour s’est perdu.

Il est parti.

Il n’y a pas de retour possible

Quelque chose décide de rester ici ; dans cette ville où l’on ne peut pas dormir

 

 

 

 

 

Fear clenching heart again,

flowing again,

flowing and plugging you into gloomy water

reflecting scorched buildings ;

those hospitals

whose flames climb on light –

on you day’s rags

 

 

Under pressure,

the convulsions,

I knew you were coming –

between the bleeding lips

responding to

red sweater, red earring,

red earth – red heart

 

 

Your movements escaping,

They burn those zones of solar contorting

 

Landscape’s fields unrolled between my glances

 

And before the day,

dead’s shrubs

arcades’ arcane

elm’s coffins

bodies bolsters

wounding with weapons

shoots in hearts

tears on necks

and trees whispers

 

 

 

 

IV.

 

 

 

 

All the city is painted in white – from those departure’s walls

with a lost return ticket

It’s gone.

There’s no return available.

Something decides to stay here ; in that city where one can’t sleep.

 

 

 

Et tout contre, juste derrière, la rumeur des murs.

Des mouvements excités sur la blondeur de l’air

dans cet espace verni de couleurs, et cerné de murs.

Un espace fermé ; espace étouffé

qui demande l’oubli de l’âpreté des robes noires, qui ne cessent de s’évader.

Elles glissent pour fuir les contours des jours. Partir.

Du brun et du clair, et l’accrétion des émotions.

 

 

Des monceaux d’oiseaux pour entailler le blanc du jour, de l’aurore, l’absence de lumière ou la marque de son absence dans son apparition.

Le renversement de l’aile battue, par-dessous et par-dessus la chair du ciel – l’attente.

Des trombes d’espacées aériennes et des strates de minutes entreposées, amoncelées, condensées, inversées, pour te voir sans passer sans filer sur la pointe du jour.

Comme te voir te déplacer dans un déroulement qui n’a pas de fin ; une minute ouverte, puisqu’elle contient des heures de ton souvenir.

De la fumée de la voie lactée passant à l’entrée des toits de la cité.

La parabole en chair des oiseaux muselés, puis déployant dans l’air toutes possibilités.

 

Le ciel de la couleur d’un ventre, qui vient nous réveiller, nous appeler à sortir ; encore une fois, encore une fois aller marcher.

Le ventre palpitant, sculpté de ses flots ou ses coulées de nuages noirs

 

J’entends encore l’espace ; j’attends qu’il se remplisse un peu.

La dentelle orangée, ou bien la mosaïque, commence à nous laisser un peu apercevoir le rapprochement de la lumière.

Nous repartons.

Il y a des grues portant les cieux, et le blanchiment de l’intérieur de la lumière des réverbères.

 

Une larme gonflante

Pesante, peut-être

Ne plus regarder, laisser cette pupille trop claire,

Extérieure

Se diriger seule et lentement

Dans toute la fatigue du corps

trop utilisé, ou trop désœuvré

 

La tournure du ciel

Une catatonie de la possibilité de comprendre

Un silence

L’immensité de la stupidité est un ciel

Je crois qu’il s’ouvre toujours

 

And beside, or just behind, the walls rumbling.

Excited movements on hair blondness

In that color glazed space, surround by walls.

A closed space ; stifled space

Asking for black dresses’ roughness’ forgetting

- they’re all long escaping,

slipping to flee day’s rims. To leave.

Brown and clear, and accretion of emotions.

 

Heaps of birds slashing day’s whiteness, daybreak -

Absence of light or mark of its absence in its apparition.

Spilled flapped wings, on and under sky’s flesh – the wait.

Whirlwind on aerial spacing, layers of stored, piled, condensed, reversed minutes –

See you, shadow, spinning on day’s Pointe –

moving in an endless unreeling ;

an open minute, containing hours of your memory

 

Steam from a Milky Way entering on city’s roofs

The parable in flesh of muzzled birds, spreading in air all possibilities

A wombs’ colored sky, coming to wake us up, to call us to come out ;

One more time, one more, to go to walk.

Wombs fluttering, sculpted by those floods or streams of black clouds.

 

 

I’m steel hearing the space ; I’m waiting for it to be filled.

The orangey lace, or the mosaic, let us catch a glimpse of light’s connection.

We’re leaving.

There’s cranes carrying heaven, and the whitening of the street lamp’s light inside.

 

A swelling tear, pressing on me,

- don’t look anymore,

leave that too clear pupil,

external, head alone and slowly

for all body’s tiredness

- too used, or too idle

 

The turn of the sky

A catatonia of the understandable

A silence

Immensity of stupidity is a sky

It’s always whetting here

 

 

 

 

 

 

Deux mots de toi, deux courses pour toi, et mon souffle est court.

 

Ou es-tu maintenant?

Tu prends un chemin de forêt - dans les feuillages de ton absence nous te cherchons, allant de clairière en clairière, sans plus nous voir, ou nous entendre.

Ou si - pour toi nos vies existent encore, mais nous ne faisons pas encore assez attention à ton pas flottant, ascendant, épiant en silence, souriant, à la manière d’une danse, qui nous couvre le soir de la nuit dans les yeux, un oreiller sur le cœur.

Tu es en marche, comme toujours, sans âge et peut-être même sans visage, si ce n’est dans la mémoire de nos corps qui portent le souvenir du contact à tes pores.

Nous ne voyons plus tes heures mais elles nous portent encore.

 

 

 

Comme si à présent,

au bout du tour du monde à contre-jour

où ton attache s’est tranchée,

sur les arêtes tangentes de la lumière, aux extrémités réinventées

par le fil délacé du cœur transperçant

les tours de lits et d’asphalte des hôpitaux,

par là en nous tu t’accrochais encore

à l’ouverture, ou t’attachais

à la lie du ciel cachée

contre le lobe de l’oreille.

 

 

Que ce soit pour murmurer ou chuchoter,

crier fort dans les rues,

dire clairement et crûment,

ou protéger,

ta voix est toujours là.

 

Elle nous ramène ici.

Elle ramène à la vie.

 

 

 

 

Mai 2005- mars 2010. Pour Andreï, Alexander, Julie, Lionel, Natacha et Jean-Baptiste

 

 

 

 

 

 

 

Two words for you, two walks for you, and my breath’s cut

 

 

Where are you now?

You’re taking a woods’ way. In the foliage of your absence we’re still searching you

going from clearing to clearing

without seeing or hearing us

or maybe yes – we’re still existing for you , but we’re not aware enough to your floating ascending step, silently spying, smiling, in a kind of dance, covering us on the night’s evening on eyes, a pillow on heart.

You’re walking, as ever, without age or face, except in ours bodies memories, carrying desire of a touch on your skin.

We can’t no see your hours anymore, but they still hold us on

 

 

As if now, at the end of world’s round’s ground’ course

Where your bond got severed,

On light’s tangent edges of renewed tips

by the untied thread of the heart

piercing towers of beds and hospital’s asphalt,

by there in us you hanged up again on apertures

or tied up to heaven’s lee

hidden behind ear’s lobes

 

 

Reviving to murmur or whisper,

or to scream in the streets,

or become crude and clear,

or protect,

your voice is always here.

 

It does bring us back here.

It brings us back to life.

 

 

 

 

 

May 2005- march 2010. To Andreï, Alexander, Julie, Lionel, Natacha and Jean-Baptiste

Toi - You

Aurélie Rauzier

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