à F.
Les larmes, pluie diluvienne qui me viennent dans l'exil
Veulent diluer le charme de tes idylles passées
Cette bile infernale, indéfectible et vile,
N'est que l'indigne enfant d'un transport alarmé
Torrent de fièvre aveugle, indicible élixir,
Elle voudrait voir enfin disloqué, dissolu,
Révolté, résolu, L'Indélébile Souv'nir.
La comique lubie m'assaille à mon insu
Désert de plaintes folles, stridentes, stériles, frivoles,
Qu'un souffle maléfique m'inspira dans un viol
Jalousie arythmique et si peu mélodieuse
Qui dans les gouffres noirs conduit les malheureuses!
Le châtiment est juste. Celui qui a Aimé
Doit demeurer en paix ; c'est là un doux méfait.
Ta candeur et tes soins enchantaient ton amour
Si fort tu pouvais croire à cet ancrage divin
Si pur, si tendre encore...la couvrant de tes mains
Pressé par l'Evidence qui dispense de discours
Frappé par l'Evidence lui fis-tu même la cour ?
Tes soupirs, étouffés, ne se sont pas éteints
Une fois embrassée et à jamais étreinte,
L'Aube de tes émois, de mes nuits le tourment
Sensible, je le fus, à cet attachement,
Je le vis éclatant, intense ô Invincible
Les promesses d'autrefois sont un fil invisible :
Irrépressible lien qui ramène à son port
L'amoureux agacé en quête d'autres trésors
La sirène ennuyée rompt ta marche oublieuse
Son chant trop familier défie les silencieuses
Il triomphe sous mes yeux, tonitruante trouvaille
S'agite et mille feux, sacrés comme de paille
Jaillissent en étincelles sur la foule amusée
Je devine ces étoiles, j'en suis seule blessée
L'enfant est adorable, sa fraîcheur éternelle
Ferait encore plier le digne orgueil des Reines
Sage soeur ? Soupirante ? Son sourire ensorcelle
Humblement je m'incline, ce Graal vaut bien ma peine
Une pensée me taquine aux heures hystériques :
Par quelle tromperie sommes-nous, tour à tour, les Uniques?
Toi qui ne promets plus ni ne jure par le sang
Espères-tu au moins m'appartenir longtemps ?
Oh j'aurais tant voulu te cueillir à l'enfance
Et offrir en ces temps à ta vierge innocence
L'originelle étreinte, douce, maladroite transe
Je me rêve encore l'Eve de tes premières offenses
Mais je renonce au fiel qui m'animait d'abord
Je lui préfère le miel de t'aimer sans remord
Avide de destin je nous souffle une bulle,
Un passé chimérique paraissant trop lointain
Pour être rappelé en d'exactes formules
Mais nous gardant ensemble depuis les mondes anciens.
Lala
Alice Adjutor