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Je viens de la ville de l’Est

Je viens de quatre demi-cercles

Ô halte,

Marquise fatiguée au fer rouge,

Ma vieille mère !

 

L’heure sombre et reste fière

Statue d’air sur le fronton

De la gare

Je suis l’engeance de la

Couleur de sang et des pilones

De fer

 

Marquise à minuit

Les troupeaux des batailles

Enterrés à la hâte,

Sous ton arc fut

Ma naissance.

 

Vieille ville, val vide

Verre miré pour la dernière valse

Vautrée dans la neige

Veille vide, d’où j’évade

Les doigts déliés en « V »

 

Verre vil, avenues livides

Varice de silice par-dessous les vents

Saoûls, sourds, soudards !

Viande vissée à la gloire

De l’Ancien Régime

Sous les pavés vacants

Je te dois plus de dix wagons,

Dis

Et combien de deniers à tes vers

De vendeurs ?

Tes revendeurs de peine !

Je te dois dix wagons de sémaphores

Je les ai fait voyager

Va ! Veille vide,

Je t’aime toujours à tempes froides.

 

Dieu, j’avais l’oeil vieux quand

Le feu m’étripait

Haute, la tour de famille,

Haletait comme une menace ;

Au-dessus de l’autel de ville,

Sévissait l’espace,

Je cherchais des lunettes pour philosophe

À un prix dérisoire

On attendait la rénovation

Des dix-cent monuments

 

Sur la rue gâlée, agitant son angoisse

Tapait l’heure souscrite

Avant Dieu, j’avais l’œil du feu

Mais, cette ville-là se doit à la nuit

Toutes les horloges, tous les quais

Et les dents chancelantes

Lui rendent son salut à temps sûr

 

Cette ville-là se doit à la nuit,

À la nuit de six heure

Le tocsin passe pour six

Tasses, tabassent

Six heures, la souillure du soir

Six fois cinq,

Salues échancrées

 

La ceinture sur les os des enfants ;

La neige sur les chars

A perdu ses fonctions

Dieu, j’avais l’œil vieux

Quand le feu m’étripais

J’étais alors une vierge

L’anneau tâché de rouille

La neige sur les chars

A perdu ses fonctions.

Paganismes

Clara Schmelck

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